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Injustement délaissée par les voyageurs qui lui préfèrent le charme médiéval d’Édimbourg.

Glasgow mérite elle aussi le déplacement. Exit la ville morose, minée par la désindustrialisation et le chômage. La métropole de 630 000 habitants a su se défaire de l’image qui lui collait à la peau dans la seconde moitié du 20e siècle pour devenir une cité créative et bouillonnante.

La culture est partout : dans ses musées éclectiques qui ont le bon goût d’être gratuits, au coin de la rue avec le street art habillant les murs de briques rouges, au détour d’un pub d’où s’échappent quelques riffs bien sentis… C’est aussi une ville verte, où l’on mange bien – des mets traditionnels écossais aux currys indiens –, et la légendaire bonhomie de ses habitants n’est pas usurpée. « People make Glasgow ! »

Rencontre découverte des musées et de l'Art Nouveau

Glasgow abrite de nombreux musées, gratuits pour la plupart. On se laisse donc surprendre par l’éclectisme des propositions sans avoir l’œil rivé sur le porte-monnaie.

Dans le quartier universitaire du West End, l’imposante silhouette de grès rouge du Kelvingrove Art Gallery and Museum se dresse sur les flancs verdoyants de la rivière Kelvin. Ouvert en 1901, l’établissement présente 8 000 pièces réparties sur deux ailes : « Life » pour l’histoire, l’archéologie et l’histoire naturelle et « Expression » dédiée aux arts. On y trouve notamment Le Christ de saint Jean de la Croix, chef-d’œuvre de Dalí, et des intéressantes sections de peinture écossaise, française et flamande.

À deux pas, la superbe université de Glasgow – qui a inspiré le pensionnat de Poudlard pour les fans de la saga Harry Potter – héberge le plus vieux musée de la ville : le Hunterian Museum, ouvert en 1807. Un véritable cabinet de curiosités avec ses organes conservés dans le formol, ses fossiles et ses squelettes… Âmes sensibles, s’abstenir ! Les amateurs d’art poursuivent à la Hunterian Art Gallery et la Mackintosh House (payant), une reconstitution du premier logement du génie glaswégien de l’Art nouveau. On peut également partir sur les traces de l’architecte et designer Mackintosh, précurseur de l’Art nouveau qui a marqué l’esthétique de la ville.

Dans l’East End, le People’s Palace, ouvert en 1898 au cœur de Glasgow Green, retrace la vie des habitants de 1750 à nos jours : l’évolution de la population et des logements, le droit de vote, les mouvements sociaux, la criminalité, les célèbres bals du Barrowland et même la consommation d’alcool (!). La scénographie est ludique avec reconstitution de logement et de magasin.

Sur les rives de la Clyde, les anciens chantiers navals, laissés à l’abandon dans la seconde moitié du 20e siècle, ont laissé place à des musées à la pointe du design. Coup de cœur pour le Riverside Museum, musée des transports signé Zaha Hadid, où sont présentés pêle-mêle vieilles automobiles, locomotives à vapeur, bus, tramways à impériale, motos… Une rue pavée est même reconstituée avec sa station de métro.

Le subway de Glasgow, inauguré en 1896, est le troisième plus ancien du monde après ceux de Londres et Budapest. Son unique ligne, circulaire, n’a jamais été modifiée depuis l’ouverture ! La visite se poursuit sur le Glenlee (The Tall Ship), l’un des seuls trois-mâts rescapés des anciens chantiers de la Clyde, amarré à l’arrière du musée.

La liste n’est pas exhaustive. On peut également citer The Gallery of Modern Art (GoMA), The Lighthouse, centre de design et d’architecture (fermé actuellement), The Burrel Collection, collection d’art située au cœur du Pollok Country Park, ou encore House for an Art Lover (payant), une maison édifiée à la fin du 20e siècle sur la base d’un plan Art nouveau dessiné par Mackintosh.

Des façades porteuses de messages

Si Glasgow a repris des couleurs ces dernières années, c’est aussi grâce au street art. Depuis 2014 et le lancement du Mural Trail par le Glasgow City Council, les œuvres fleurissent dans les rues du centre-ville (et au-delà !) donnant au visiteur l’agréable impression de se balader dans une galerie à ciel ouvert. On en compte aujourd’hui près de 30, la plupart signées Rogue-One, Smug, Art Pistol ou James Klinge, et répertoriées dans un plan en ligne.

À l’est du centre, le Saint Mungo de Smug, représentation moderne du saint patron de la ville, est devenu un emblème de Glasgow et la sixième œuvre de street art la plus « instagrammée » du Royaume-Uni. En contrebas, l’artiste a peint son pendant féminin, St Enoch and Child, version sacralisée de la maternité.

Dans Mitchell Street, en retrait de l’animée Argyle Street, un taxi volant – garanti sans empreinte carbone – côtoie une jeune femme aux proportions XXL scrutant les passants à la loupe. La moustache de Charles Rennie Mackintosh au-dessus du Clutha Bar, les fresques représentant Billy Connolly réalisées pour le 75e anniversaire du comédien, la galerie de portraits colorés près de la gare centrale…

Au fil des rues, les visages des Glaswégiens, figures populaires ou anonymes, donnent à voir la petite et la grande histoire de la ville. Tous ses habitants y sont représentés, même la faune locale.

Au nord-ouest, on aime The Musician, hommage à la vibrante scène musicale, et The Lost Giant de l’artiste australien Stormie Mills identifiable à son écharpe… en tartan, évidemment !

La ville verte

Avec plus de 90 parcs et jardins, Glasgow mérite bien son surnom de « Dear Green Place ». Dans l’East End, la nécropole qui jouxte la cathédrale Saint-Mungo invite à prendre de la hauteur. Ce cimetière-jardin victorien abrite une cinquantaine de milliers de sépultures et 3 500 monuments funéraires disséminés sur une colline. On y vient pour la beauté de ces tombes noircies par le temps, serties dans un écrin de verdure, et pour les superbes vues sur la ville.

En redescendant vers la Clyde, Glasgow Green affiche un charme beaucoup plus propret. Si sa physionomie – plate et engazonnée – n’est pas son plus grand atout, le plus ancien parc de la ville, fondé au 15e siècle, concentre toute l’histoire locale. Il est notamment le lieu des grandes batailles sociales : « One man, one vote », droit de vote des femmes, manifestations des chantiers de la Clyde, grève des mineurs en 1984… Cher au cœur des Glaswégiens, il accueille chaque été un festival de rock.

Dans le West End, après avoir fait le plein de musées, on vient flâner le long de la rivière Kelvin, serpentant à travers le Kelvingrove Park, avant de rejoindre les Botanic Gardens et leur trésor : le Kibble Palace, superbe serre victorienne, à la moiteur enveloppante, abritant une impressionnante concentration de chlorophylle.

Le sud de Glasgow est également un excellent terrain de jeu pour les activités de plein air avec l’élégant Queen’s Park, datant de l’époque victorienne, et le Pollok Country Park, le plus grand espace vert de la ville avec ses 146 hectares, qui donne l’impression de s’échapper à la campagne pour quelques heures. À Glasgow, il y a de quoi se mettre au vert !

Face au "dreich", le pub !

Quand la grisaille humide – dreich – fait frissonner les corps, c’est au pub que l’on se réchauffe, en agréable compagnie et… avec du bon son dans les oreilles. Labellisée Ville Unesco de musique en 2008, Glasgow a vu naître Franz Ferdinand, Simple Minds, Texas, Belle and Sebastian ou Mogwai. Plus de 100 événements musicaux y sont organisés chaque semaine, des salles mythiques aux pubs intimistes.

Dans l’East End, les néons étoilés du Barrowland Ballroom sont un phare dans la nuit des mélomanes. Ouverte en 1934, la salle légendaire accueillait à l’origine des bals avant que les enfants de la ville, Simple Minds, n’y tournent un clip et s’y produisent au cœur des eighties. Leur passage marque la transformation des lieux en salle de concert, plébiscitée par Oasis ou Metallica.

Autre haut lieu de la bouillonnante scène musicale : le King Tut’s Wah Wah Hut, souvent raccourci en King Tut’s, dans St Vincent Street. C’est dans cette salle de 300 places qu’Oasis (encore eux !) signa son premier contrat en 1993. Radiohead, Muse ou Coldplay y ont également fait leurs premières scènes et chaque semaine, de jeunes artistes prometteurs font résonner les murs de leurs talents.

Outre ces lieux emblématiques, l’offre des pubs est pléthorique. Près de la Clyde, The Clutha Bar, reconnaissable aux œuvres murales colorées sur sa façade, propose de la musique live tous les soirs, notamment des scènes ouvertes. Par beau temps, le lieu dispose d’un beer garden. À deux pas, The Scotia, le plus ancien pub de la ville (1792) tout de bois vêtu, accueille des concerts – folk, rock, blues – du jeudi au dimanche.

Dans le Southside, The Allison Arms, charmant bar de quartier, est l’endroit idéal pour venir chasser le blues du dimanche soir avec une équipe chaleureuse et des clients enclins à la conversation. Et pourquoi pas s’essayer au karaoké !

Les noctambules peuvent jouer les prolongations dans les clubs : Sub Club fait partie des incontournables. Dans Merchant City, le Pink Triangle réunit les bars et clubs LGBTQIA+.

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